Le marcheur nocturne

Dans l'espace des vertes altitudes
Je vois le creux de la vague et l'encens
Planer au dessus de mes sens

Les slameurs parisiens émettent
Comme un grondement sourd
Depuis l'aube de leurs pas

Des ventouses et des méduses
Nage au creux des étoiles
Dessinant un zodiaque ancien

Je vois un poète éméché
Dire mes mots
Dans un vent de tempête

Nen en noir

Il est là
Tu vois
Il y a des gens
Toi même tu sais
Il y a des gens
Ils sont pas là

La petite barbe qu'il porte
Est un harpon
Son kif c'est le japon
Enfin je crois
Ils ont quelques dessinateurs
Là-bas

Après tu sais bien
Qu'il souffre
On souffre tous parfois
C'est normal c'est la vie
La vraie vie tu vois
Pas une bulle de plastoc

Pas un truc bien isolé
Une grosse pantoufle
La vraie life
Pas l'emmitouflée
Pas la camisolée
Le beau qu'ils ont oublié

Course-poursuite

Je déambule
Malade
Éreinté

Je franchis
Couvert de poussière
Les aléas de la vie

Je puise
Je franchis
J'affranchis

Mon corps esclave
Je libère
Mon âme devant la mort

Rencontre

Passager d'airain
Ta figure éclatante
Remplit mon cœur d'espoir

Grande statue
Voici que déjà
J'abandonne ta nudité

Croyances

Quand vient le temps
Des grands charniers
Les êtres de raison
Gardent la tête froide

Le visage noyé de blancheur
Leurs os se transforment en glace

Dans un mouvement de compassion
Les sourcils froncés
Ils jettent des regards impassibles
Sur le vivant qui se meure

En chemin

Dans le creux des idées
Je vois mille couleurs
Et des encres ignorées
Qui paraissent s'immiscer
Jusqu'au creux de l'hiver

Les sandales souillées
Nous soulevons la boue
Et le chemin s'entrouvre
Sur une prairie
Bordée d'arbres morts